Perséphone dans mon héritage familial
- Kim Leleux
- 24 sept. 2024
- 2 min de lecture
C'est l'histoire d'une jeune femme, une déesse selon la légende, qui, piégée par son père se retrouve mariée au dieu des enfers,
C'est l'histoire d'une femme, une autre déesse, une déesse mère, qui, désespérée par le rapt de son enfant, décide finalement d'affamer la terre,
C'est l'histoire de quelques pépins de grenade, qui, en secret, scellent un lien non-consentis.
Chapitre un, La grenade:

Il y a un peu plus d'un an, je me lançais dans un apprentissage du transgénérationnel,
Depuis je ne cesse de plonger dans mes racines et mon histoire familiale,
J'ai esquissé le contrat de loyauté, j'ai gratté dans mon ADN pour explorer l'origine des rôles,
Aujourd'hui je descends encore plus profondément dans mon histoire, à travers la mythe de Perséphone.
Tout est arrivé comme ça dans ma tête toute biscornue :
Pourquoi est-ce que j'ai la sensation de ne pas être abondante? Est-ce lié à mon histoire familiale? Au féminin? Est-ce lié à ma maternité? Ma maternité? La maternité? La mère ... le cycle, les saisons, l'ombre et la lumière, j'ai l'impression d'être en enfer, tout est figé. De quoi est morte Suzanne? Un problème à l'utérus... Une grosse fatigue, elle est morte d'un coup ... "Tu roules trop vite". Le cancer du sein, c'est génétique. Le sein, la grenade. L'infertilité, Déméter ... Perséphone... Moi.
Bon ça c'est en gros, parce que je vais vous épargner toutes mes recherches soporifiques ( sauf pour moi) qui m'amènent à cette étape.

La grenade est mon symbole du lien invisible que j'ai créé avec mes ancêtres, sans connaitre les conséquences, sans jamais pourvoir lever le voile du secret, ni embrassé mes fantômes.
La grenade c'est le lien avec la maternité. La grenade c'est mon symbole d'enfermement dans les enfers, dans l'infertilité. Je recherche les informations qui pourraient me permettre de remonter à la surface et changer de cycle.
La grenade, c'est l'impossible adieu d'une mère à ses enfants. C'est l'impossible deuil qui laisse tout le monde dans les entrailles d'Hadès et plus particulièrement moi.
La grenade, c'est la religion, c'est le sacrifice, qui dans mes représentations est symbolisé par mon regret maternel, par mon incapacité à réussir.
Une émotion quelque part c'est cristallisée.
Une histoire s'est figée,
Reproduisant sans cesse son code d'erreur.

Suis-je capable de remettre un mouvement de vie en introjectant de nouvelles images? Puis-je briser ces liens?

Durant tout le processus de création, j'ai été traversée par plusieurs vagues:
-Une vague de plaisir à jouer avec la grenade tout en projetant un interdit
-Une vague d'injonction à rester à ma place
-Une vague d'un grand chagrin
-Une vague d'un grand froid
Quelle est cette place? La dépendante, la prisonnière, la naïve, la trahie, la violée ...
Je questionne la condition féminine, je dénonce, je crache mes pépins sur les figures masculines qui s'invitent dans mes archives photographiques,
Je supplie la mère de me sortir de cet enfer!

J'intojecte une nouvelle image,
Mon regard droit
Je ne supplie, ni agresse,
Entre mes doigts, je brise chaque pépins,
Je nettoie chaque cellule,
Je défie tous les Hadès,
De m'empêcher de remonter à la surface,
J'excuse toutes les mères,
Je les pardonne même.
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